Traversant le nord de la Corse au départ de la commune de Calenzana jusqu’à celle de Vizzavona, le GR20 Nord est l’un des parcours de montagnes les plus mythiques d’Europe. Le sentier y est très périlleux car il traverse les plus hauts cols de la chaîne de montagne de l’île de beauté et présente de nombreuses difficultés et un très fort dénivelé.
Les étapes du GR20 Nord
Le parcours de montagne du GR20 Nord de Corse se compose de 9 étapes (sens nord-sud). Libre à vous d'effectuer le découpage qui vous convient. Voici la suite de cette portion que nous avons parcouru en 8 jours.
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5- De Tighjettu au Col de Vergio :
Un réveil tout sourire, malgré le peu d'heures de sommeil en continu (vive les ronfleurs...) en me disant que le "pire" du GR était passé.
Aujourd'hui fut une autre longue journée sous un soleil accablant et une chaleur bien présente même si le départ c'est effectué au lever de soleil. En quittant le refuge, on débute une descente de 2 km sur un sentier terreux bien balisé et à l'ombre des arbres, avec l'odeur des résineux saturant nos narines, en passant par les bergeries d'u Vallone (1440m) pour poursuivre sur une longue portion à flan de montagne à travers les bouleaux, les pins laricio, au chant des oiseaux et cloches entendus au loin. On salue des vaches au passage tout en profitant de cet accalmie, car une longue partie bien raide et exposée dans les rochers.
Cette montée débute au pied de la Paglia d'Orba culminant à 2525m, la "reine des montagnes corses", à la forme d'un aileron de requin. Elle est situé à droite du Capu Tufunatu perçé d'un immense trou sous son sommet de 40m de large sur 10m de haut. Un paysage impressionnant ! Après un effort physique intense, nous rejoignons le col de Bocca di Fuciale (1962m). Un endroit idéal pour effectuer une pause bien méritée et pour admirer le panorama à 360°.
À ce point, certains de nos amis iront rejoindre le refuge de Ciottulu (1191m) à 15-20 minutes de marche et d'autres poursuivrons comme nous la descente vers le col de Vergio. Une descente facile, sans difficulté technique, verdoyante avec une vue sur les pozzines et nombreuses piscines naturelles. Une portion de GR qui fait un bien fou aux articulations. On y croisera la bergerie abandonnée de Tula (1700m) et ses vestiges en pierres laissant imaginer l'abri des bergers et les murets servant d'enclos, au pied de Bocca Guagnerola. On fera la pause pour se tremper les pieds avant de poursuivre sur le sentier menant au petit ruisseau d'E Radule et pénétrant dans la forêt de Valcu Niellu par une passerelle pour aller rejoindre la bergerie d'E. Radule. Ensuite, s'en suit une portion de sentier à flanc de montagne à travers les bouleaux et les pins laricio qui fut très agréable et rapide à parcourir. Le sentier remontera légèrement en finale tout en contournant le Capu di Verghju pour atteindre la route D84... il fut bizarre de voir du bitume et d'y marcher après cette portion boisée !
On rejoint enfin le Castel di Vergio (1404m), tout juste avant l'orage annoncé ! Encore ici, une magnifique terrasse aménagée nous permet de profiter de la vue et d'un café, tout en faisant le plein de bonne nourriture à l'épicerie et à leur buffet froid largement garni ! Un délice bien mérité. J'ai également passé un agréable moment à me bourrer la panse lors d'un souper beaucoup trop copieux en compagnie de Janika, Patrice, Anthony, Guillaume et Katherine.
Environ 7h de marche selon le topoguide.
6- Du Col de Vergio à Mànganu
Une journée débutant par une longue marche facile à l'ombre des pins, avec des odeurs de mousse et de résineux humides en raison de l'orage d'hier. La montée se fera en lacets au travers quelques roches jusqu'à Bocca San Pedru (1452m). Au passage du col, je suis restée bouche-bée par le panorama allant de la côte ouest de Porto au col San Bastinanu et à la vue du petit oratoire dédié à saint Pierre. Janika et Françoise m'y rejoignent. Je poursuis avec Janika, alors que Francoise continue avec un autre groupe d'amis randonneurs.
On prendra le temps d'observer les magnifiques hêtres déformés par le vent tout en poursuivant l'ascension soutenue jusqu'au col de Bocca à Reta (1883m). La vue tellement magnifique nous a même fait malencontreusement quitter le GR pour aller observer à flan de montagne. On coupe à travers les petits arbres pour aller retrouver le GR, faire la pause au bas du Capu a u Tozzu (2007m) et poursuivre facilement sur un sentier d'herbes rases pour apercevoir enfin l'impressionnant et majestueux Lac de Nino qu'il nous faudra rejoindre.
Le sentier sans difficulté technique, longeant la rivière le Tavignano et passant près des bergeries de l'Inzecche, sur lequel Francoise, Patrice et Antony nous on rejoint, nous conduira à travers les pozzines jusqu'aux bergeries de Vaccaghja, en passant au milieu de vieux hêtres. On y apercevra au loin des chevaux ainsi que des chèvres. Petit arrêt à la bergerie, Francoise et Janika déguste un fromage acheté. J'achète un saucisson et j'admire le travail du berger rappelant ses chèvres. Quel spectacle !! Je me sauve ensuite rapidement de l'odeur forte de leur festin qui me donne le haut de cœur pour aller rejoindre le refuge de Manganu, par une bonne montée et moins de 45 minutes de marche.
Sur cette montée, on franchira Bocca d'Acqua Ciarnente, à 1568, la ligne de partage des eaux entre la Haute-Corse et la Corse du Sud. Il ne reste plus que qu'à marcher sur la petite passerelle au-dessus d'un torrent pour aller rejoindre le superbe refuge de Mànganu (1601m).
Ce soir là, en rédigeant mon journal agrémenté d'un café et de quelques morceaux de chocolat noir. J'ai pris plaisir à regarder mes amis Mana, Antoine, Guillaume, Marion et Katherine jouer aux cartes. Un petit bonheur, ils me faisaient bien rire. Un petit bonjour à Jérôme, avec qui j'ai regardé le début du coucher de soleil et que je n'ai pas eu la chance de recroiser sur le GR.
Environ 6h de marche, selon le topoguide.
7- De Mànganu jusqu'à l'Onda, en passant par la variante des crêtes
Un départ à la noirceur, l'air est humide et frais. Le balisage est difficile à suivre avec comme seule lumière celle de notre frontale, les traces partiellement effacées sur les roches à gravir. Le sol est trempé, ca glisse par endroit.
Ca démarre en force, ca donne le ton à la journée !
Il faut franchir tout d'abord une portion rocheuse avec un bon dénivelé pour ensuite arriver à un plateau de pozzines. l'ascension de poursuit ensuite pour aller rejoindre un petit lac à 1969m d'altitude. On est entouré par des massifs de granit, l'ascension très pentu se poursuivra ainsi jusqu'a Bocca alle Porte (2225m). La vue de cette endroit est incroyable, on oublie l'effort précédent, on admire le panorama rocheux et ses nombreuses crêtes qui nous entourent.
Après une pause, je poursuis avec Janika, le groupe étant déjà parti. Il nous faudra descendre la ligne de crête prudemment, sans se laisser distraire par le magnifique panorama sur les lacs de Melu entouré de végétation (1171m) et de Capitellu (1930m) encaissé dans la roche qui le surplombe, gelé 8 mois par année et profond de 42m.
On rejoint ainsi la brèche de Capitellu située au sud du lac de Capitellu et à l'est de la Punta alle porte (2000m).
La suite sera en vallon au travers de nombreux col d'une altitude de plus de 2100-2200m (Soglia, Rinosa, Muzzella) tout en marchant et longeant la crête rocheuse. On y retrouve Samy, blessé au genou qui nous annonce qu'il nous quittera pour se rendre a Petra Piana.
On arrive à l'intersection menant au raccourci de la variante des crêtes, nous évitant ainsi de passer par le refuge de Petra Piana. Des petits messages d'encouragements de nos amis laissé sur les roches et annonçant l'orage débutant à 15h. Un aurevoir rapide à Samy,nous prenons le raccourci... un bushwhack d'environ 1km au travers les herbes courtes et agressives doublé d'une traverse de rocher en espérant de pas se retrouver dans le vide de l'autre côté. Un léger suspense que j'ai particulièrement adoré, mes mollets ensanglantés beaucoup moins.
On atteint ainsi le Bocca di Manganellu (1800m) pour aller gagner la Punta Murace (1921m) par l'arrête. Une portion digne de l'ascension de Katahdin par le Knife Edge, version avancée, au Maine.
On fait une pause. On salue Anthony et Patrice passant à toute vitesse.
On marchera ensuite sur le sentier rocheux qui se poursuit au travers de nombreux sommets et col par des passages parfois plutôt raides offrant un agréable panorama. Une fois les crêtes terminées, nous avons eu beaucoup de plaisir à marcher sur un sentier facile avec un troupeau de chèvres causant un trafic sur le parcours avant d'entamer la descente longue et raide vers Bocca d'Oreccia (1427m). Une descente dure physiquement puisque sur les roches roulantes et instables Janika et moi avons eu quelques virements de genoux et chevilles.
On aperçoit le refuge au loin... si loin... les nuages gris sont de plus en plus présent et le vent s'intensifie.
Il ne restera qu'une remonté et légère décente sur une croupe herbeuse pour rejoindre le refuge de l'Onda (1430m).
Arrivées à 14h58. Orage a 15h01. Si ca, ce n'est pas de la chance...
Environ 9h30 de marche, selon le topoguide.
8- De l’Onda à Vizzavona / Variante du Monte d'Oro :
Une journée que je ne suis pas prête d'oublié avec l'ascension très ardue du Monte d'Oro. Une dernière journée dans la portion Nord du GR.
On quitte le refuge de l'Onda pour débuter la montée vers l'arrête de la Punta Muratellu et poursuivre sur une raide montée jusque sous le sommet de la Punta Muratellu (2141m). Un 2h15 d'effort largement récompensé par le panorama sublime sur les sommets qui coupent la Corse en deux. On passe ensuite sur le versant sud par une descente sur de grandes dalles de granite pour rejoindre un croisement sous la crête (2020m). Nos amis poursuivre leur chemin vers la vallée de l'Agnone alors que Françoise et moi prenons la variante balisée par des cairns du monte d'Oro.
On traverse ainsi horizontalement les pentes supérieures de la vallée de l'Agone tout en s'élevant vers le Bocca di u Porcu (2159m). On suit l'arête faîtière. Une montée ornée de beaucoup de scrambling au travers les roches. Le chemin est parfois difficile à suivre, on se fie à notre instinct en visualisant toujours au loin notre objectif. Finalement arrivées à la montée finale de ce sommet, il ne restera qu'une cheminée rocheuse à gravir pour gagner le point culminant à 2389m d'altitude.
On doit ensuite redescendre, ce qui fut difficile puisque nous avions de la difficulté à retrouver notre chemin. À un moment, Françoise à dû rebrousser chemin, et tenter plutôt une descente par une voie que j'avais réussi à franchir pour retrouver le GR. Elle lança ses bâtons pour avoir une meilleure prise, mais trop petite pour poser le pied sans se blesser. En résumé, elle tente une autre voie, sans pouvoir récupérer ses bâtons... un calver et anticipation négative des prochaines heures à venir pour tout randonneur sachant qu'il reste plus de 1200m de dénivelé négatif à parcourir dans un environnement abrupte, instable et rocheux.
On a pris le temps de réaliser ce défi au travers les éboulis. On admire amèrement le paysage.
Vizzavona est visible au loin... si loin...
On continu en effectuant plusieurs portions de gymnastique au travers les roches : on doit se retourner pour descendre de reculons, s'assurer que le passage est sécuritaire avec le sac, on utilise les mains pour minimiser l'impact sur les genoux. Pour ma part, j'ai souffert en silence (rappelons les quelques torsions de chevilles et genoux de la veille) sachant que mon amie vivait bien pire sans ses bâtons On rejoint enfin le replat herbeux d'U Pratu Scampiccioli pour atteindre les bergeries en ruines de Puzzatelli (1150m). Enfin, une portion facile et salutaire pour nos articulations. On emprunte le sentier qui pénètre dans la forêt et qui nous permet d'aller rejoindre la cascade des anglais.
Je n'ai jamais été aussi heureuse d'arrivée dans un refuge, celui d'Alzarella. Le sourire de l'homme nous accueillant m'a réchauffé le coeur... tout comme son café allongé que j'ai dégusté et les douches en contrebas.
Vizzavona est un village étape, le seul traversé par la route. Entrer à Vizzavone, c'est un retour à la civilisation après plusieurs jours de marche sur le GR20. On y aperçoit quelques bâtisses aux airs de cottage anglais. Symboliquement, c'est le point de partage entre le GR Nord et GR sud. Il y a plusieurs endroits où se loger.
Une soirée se terminant en beauté avec le groupe. Bien le bonjour à Eve, Bianca, Antoine, Mana, Janika et Steve avec qui Francoise et moi avons profiter d'un dernier moment au restaurant. Le sud ne sera pas pareil sans votre présence !
Environ 6h30 de marche + 3h pour l'atteinte du monte d'Oro, selon le topoguide.
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