Traversant le nord de la Corse au départ de la commune de Calenzana jusqu’à celle de Vizzavona, le GR20 Nord est l’un des parcours de montagnes les plus mythiques d’Europe. Le sentier y est très périlleux car il traverse les plus hauts cols de la chaîne de montagne de l’île de beauté et présente de nombreuses difficultés et un très fort dénivelé.
Le GR20 Nord sera réservée aux sportifs aguerris ou aux randonneurs expérimentés, car par rapport à son côté sud, le GR20 côté Nord est nettement plus ambitieux. C’est un parcours de montagne périlleux en raison des sentiers rocailleux et du dénivelé abrupte traversant les plus hauts cols de la chaîne de montagne de l’île de beauté. Avec des passages à plus de 2000 m, il faudra marcher à flanc de montagne ou même grimper des cordes et échelles.
Au-delà de la fatigue et des quelques frayeurs dû au plan de vue vertigineux, le GR20 Nord offre aux plus courageux des paysages sublimes, des large plaines de montagne, des lacs d’altitude magnifiques.
Les étapes du GR20 Nord
Le parcours de montagne du GR20 Nord de Corse se compose de 9 étapes (sens nord-sud). Libre à vous d'effectuer le découpage qui vous convient. Voici le détail de cette portion que nous avons parcouru en 8 jours.
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1- De Calenzana à Ortu di u Piopu :
M'y voilà... c'est un départ, avec l'étrange sentiment, après des mois de préparation, entre l’excitation, la soif de découverte, mais aussi avec l’appréhension : qu’est-ce qui m'attend sur ce GR ?
Il fait encore frais, le soleil n’est pas levé. Plutôt agréable pour marcher. Cette première étape fera office de test pour les genoux avec le poids du sac.
Le début du GR se situe à la fontaine de Sant'Antone. Dès le départ, la montée se voudra régulière, assez raide sur un ancien sentier muletier, et en lacets pour adoucir le dénivelé, jusqu'à l'atteinte du col de Capu di u Ravalente (616m) au-dessus de Calenza. Vous y passerez également la seule source d'eau potable de cette journée ; la fontaine d'Ortiventi. Au loin, vous pourrez reconnaître Calvi avec la mer méditerranée en toile de fond.
On passe ensuite de l'autre côté de cette montagne pour effectuer une grande traversée en petits vallons dans la forêt communale de Sambuccu clairsemée par le brasier d'il y a quelques semaines. Ca sent le feu, on y voit beaucoup d'arbres brulés et de cendre. Il y aura plusieurs arbres à enjambés, mais le sentier est dépourvu de difficulté technique. C'est dans cette portion que j'y ai fait la rencontre de Samy, alors que nous avions de la difficulté à retrouver les traces rouge/blanche du GR. Ensuite, il y aura quelques petits ruisseaux à traverser pour aller rejoindre le promontoire rocheux d'Arghioa où une pause s'impose : Quelle vue et rencontre de Guillaume, Katherine, Mana et Antoine ! Je les aime déjà.
La portion suivante jusqu'au Bocca à u Saltu (1250m) sera effectuée sur de larges lacets sur un terrain complètement différent. Une fois franchi ce col, le sentier reprend une entrée douce en forêt avant d'effectuer une remontée pour traverser une portion rocheuse où l'usage des mains et d'une chaîne vous facilitera la vie dans cette portion plus technique et accidentée. Une belle entrée en matière pour la suite de ce GR...
Une portion longue à traversée, le poids du sac commence à se faire sentir. On atteint enfin Bocca à u Bazzichellu (1486m) après 9 km, encore ici la vue est splendide. On marchera ensuite à flanc de montagne, c'est magnifique !
Le refuge commence à apparaître au loin, il restera environ 3 km de marche à faire. Une fois rendu au ruisseau Gué du Melaghia, il ne vous restera qu'une légère montée sur 800 m pour arriver au Refuge de l'Ortu di u Piobu (1520m). Un site magnifique où il vous sera possible d'admirer le coucher de soleil.
Au total, environ 6h30 de marche selon le topoguide.
2- De Ortu di u Piopu à Carrozzu :
Au programme de cette journée, une ascension dans les éboulis et les pierriers puis enchaînements de cols. Une étape en dents de scie ! Pour terminer la journée, une longue et interminable descente dans un vallon vers le refuge de Carrozzu. Bonne surprise : mon sac à dos ne me fait pas si mal que ça aujourd’hui ! Mon corps aurait-il déjà compris ce qui l'attendait ?
Au départ, admiration du lever de soleil avant d'effectuer un arrêt à la source d'eau potable se trouvant à proximité du refuge, à environ 100m sur le GR. J'y fais la rencontre de Janika, une québécoise, qui sera des nôtres jusqu'à Vizzavona. Quelle femme surprenante d'avoir décidé de venir faire le GR Nord seule à l'âge de 24 ans. Ravie et inspirée par cette détermination, ceci ajoute un soleil à la température déjà magnifique de cette journée.
La première partie de cette étape commence dans une forêt de pins laricio par une montée sur 1km puis par une descente douce vers la bergerie de Mandiaccia (1460m). On y franchi un petit ruisseau, on remonte dans la vallée au pied d'immenses et impressionnantes dalles rocheuses... ce que j'aurais aimé pouvoir les gravir !
On arrive à la source de Leccia Rossa entourée d'érables à feuille d'obier, après environ 3h30 de marche.
Le sentier poursuit sont ascension et nous emmènera à Bocca di Pisciaghja (1950m) pour ensuite atteindre le point le plus haut de cette journée, à 2020m et passer sur le versant sud du Capu Ladruncellu. La brèche de Bocca di Pisciaghja offre un magnifique point de vue vertigineux ! Pour s'y rendre, nous avons eu quelques murs à escalader. Bienvenu dans les roches ! Scrambling ! Je suis dans mon élément et satisfaite de mon entraînement intensif effectué au New Hampshire.
La journée est longue. Ça n’avance pas vite en raison de la technicalité des sentiers, environ 1km/h. On rejoint un autre col, celui de Bocca d'Avartoli (1898m) et ensuite le Bocca di l'Innominata (1912m). Le panorama est époustouflant !! Les roches ont changé de couleurs (grises, rouges et violettes) et le décor est exclusivement minéral.
On entame enfin la longue descente sur un terrain poussiéreux et de petites roches roulant sous nos pieds. L'usage des mains au travers les roches est parfois nécessaire. La glissade n’est jamais loin et les genoux souffrent. Après 2 heures de descente, on arrive enfin au refuge de Carrozzu (1270m). Toute juste avant le refuge, il y aura une chute pour se tremper les pieds ou se doucher. L'eau y est aussi froide que dans les douches ... à votre choix !
Au refuge, si vous arrivez avant 17h, les gourmands pourront déguster l'omelette à la menthe ou l'assiette de charcuterie préparées par le gardien. Les cinéphiles reconnaitront peut être le lieu d'une scène de film culte. Pour ma part, je n'en avais aucune idée !
Si vous n'avez pas la chance de casser la croute sur la terrasse qui surplombe le vide, vous pourrez toujours profiter de la vue sur les montagnes qui entourent le refuge et laissent apercevoir la mer en toile de fond (Calvi). Le coucher de soleil y est magnifique !
Un petit bonjour à Jean-Michel et Denis que j'ai rencontré ce jour la, merci pour ces fous rires ! . Au total, environ 7h de marche selon le topoguide.
3- De Carozzu à Ascu Stagnu :
Cette étape s'avère un peu plus courte et "facile" que les 2 précédentes et se résume en une longue montée vers Bocca Di Stagnu et une descente vers la station d'Asco. Enfin des chaînes et des cordes !
J'y ai aussi entraîné mes nouveaux amis français, Guillaume, Samy et Alexis dans du Peakbagging pour aller rejoindre le sommet du Monte A. Muvrella (2147m) orné d'une belle croix.
Il faut penser à faire le plein d'eau avant de quitter le refuge, car il n'y aura aucune source pendant cette journée qui débute par le passage de la passerelle suspendue de Spasimata (1220m). Cette passerelle a aussi fait l'objet d'un film "Les randonneurs" où Benoit Poelevoorde répète "Chaque pas est une planche, chaque planche est un pas".
Une passerelle solide, mais qui se balancera légèrement sur notre passage. À cet endroit on peut se rafraichir en prévision de la montée qui sera sportive, car juste après la passerelle, ça grimpe fort jusqu'au lac de la Muvrella (1860m) sur de grandes dalles rocheuses équipées de câbles par endroit, puis encore plus raide dans un couloir bien pentu jusqu'au col nommé Bocca Di Stagnu (2010m), le point culminant de cette étape. Encore ici, la vue sur la côte ouest allant des caps littoraux de Porto à la longue barrière rocheuse qui relie le Cintu à la Paglia Orba est incroyable, un vrai rêve ! On peut y distinguer le Monte Cintu, Capu Larghia et la Pointe des Éboulis.
Une fois la crête longée, on aperçoit en contrebas la station de ski du Haut Asco dans laquelle se trouve le refuge d'Ascu Stagnu (1422m)... l'un de ses refuges à roulette disparaissant au fil de notre approche en descente. Une descente très lente et technique au travers de grosses roches. Prudence, usage des mains et se retrouver face à la paroi s'avèrera nécessaire. La fin du parcours se fera dans une forêt entouré d'immenses pins laricio âgés de plusieurs siècle.
Dans la station, il y a aussi un hôtel restaurant (le Chalet) dans lequel j'ai eu beaucoup d'appétit pour faire le plein de calories. J'ai ai mangé une assiette de truite et mes amis des burgers avec frites, ainsi que tarte au citron meringué. J'y ai également fait la connaissance d'Anthony et de Marion. Dans le refuge, il y a des sanitaires et de l'eau chaude pour la douche. Pas de dortoirs mais des chambres de 4 séparées. Un endroit très confortable où la nuit fut des plus reposante pour l'ascension du Monte Cinto prévu le lendemain !
Environ 6h30 de marche selon le topoguide.
4- De Ascu Stagnu à Tighjettu :
Au plus haut de la Corse Nord, le Monte Cinto à 2706m !
Durant cette journée, la pointe des éboulis portera bien son nom avec tout ce sable et les cailloux roulant sur les pieds.
De belles cheminées rocheuses à grimper au travers les parois rocheuses… encore ici, je fus dans mon élément !
Cette étape par la pointe des éboulis remplace depuis 2016, le passage du cirque de la solitude fermé suite à un tragique accident en 2015 entrainant la mort de plusieurs randonneurs. Une journée longue et technique, avec le franchissement du point culminant du GR20 à la pointe des Éboulis à 2607m, mais offrant de magnifiques point de vue sur les massifs Corse, ce qui fait oublier rapidement l'effort physique.
Le début de la randonnée est doux, plat et tranquille pendant environ 45 minutes, digne d'un réchauffement musculaire, par la traverse d'une forêt de pins laricio jusqu'à une passerelle au ruisseau de Tighjettu (1488m). Le paysage s'ouvrant sur le cirque du Tribulacciu est magnifique !
Une fois le ruisseau traversé, on rentre dans le vif du sujet, ca grimpe ! Il est nécessaire de mettre les mains pour franchir les passages en blocs, petits goulets ou encore les dalles rocheuses. De nombreuses chaines nous aiderons dans cette progression que nous avons décidé d'effectuer en grand groupe. En chantonnant des airs de cirque et criant d'encouragement "allez, tire et pousse les fesses", l'ascension c'est effectuée sans anicroche et remplies d'éclats de rires. On a enfin rejoint le pierrier qui mène à la Pointe des Éboulis d'où le Monte Cinto est visible par son envergure exceptionnelle.
À partir de la pointe des Éboulis, je fus un peu déçue par l'ascension du Monte Cinto pour laquelle le GR fait le tour, en vallons et à flanc de montagne pour ensuite entamer une montée vers le sommet. J'aurais préféré un passage directement par la crête qui semblait praticable. Le défi sportif à s'agripper sur les roches et les moments vertigineux furent tout de même présents dans cette quête. J'ai eu beaucoup de plaisir à m'y rendre en compagnie de Cantin et Lucie, un couple rencontré ce jour là. Au sommet, l'émotion fut présente... j'avais enfin réalisé mon rêve d'atteindre ce sommet. La vue était somptueuse avec le soleil et ciel bleu, et ce, même au travers de mes yeux brouillés par des larmes de joie. Un moment gravé à tout jamais dans ma mémoire, tout comme le regard et sourire porté à Marion, à mon arrivée qui comprenait mon émotion, présente à ce moment.
On devra ensuite revenir sur nos pas pour poursuivre et traverser facilement la crête pour rejoindre Bocca Crucetta (2456m). LA vue sur le lac Cintu (2289m) brillant est belle, le paysage l'entourant magnifique.
J'ai eu du plaisir à raconté la légende entourant ce lac à Janika "un seigneur qui vivait à Calasima cherchait désespérément une source dans la montage. Prise de pitié, une fée lui indiqua une grotte. Ses murs étaient couverts de diamants qui, sous les rayons de soleil se transformèrent en eau, donnant naissance au lac du Cintu ".
Vient ensuite la longue descente vers la vallée en rive gauche du ruisseau de Crucetta qu'il faudra traverser par les roches pour rejoindre le refuge de Tighjettu en rive droite. Une descente technique qui alterne entre pierrier et bloc. Nous avons pris un temps pour ce tremper les pieds et profiter du paysage.
Le refuge de Tighjettu offre peu d'espace pour planter sa tente autour, à flanc de montagne. Il est possible de se baigner dans la rivière à 10 minutes de marche du refuge en contrebas et d'aller visiter la bergerie de Ballone, à 30 minutes de marche. Puisque nous étions pour croiser cette bergerie sur le GR demain, alors nous avons profiter de la soirée pour discuter, faire du yoga et jouer aux cartes.
Un bonjour à Milko, Damien et sa mère que j'ai rencontré ce soir là et avec qui j'ai eu énormément de plaisir à discuter.
Environ 7h00 de marche + 1h30 pour l'ascension du Monte Cinto, selon le topoguide.
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